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Transports
Au moins trois semaines de fermeture pour le pont du Brault

La panne inédite survenue sur l’ouvrage entre Charron et la Vendée va paralyser pour quelques temps encore la circulation entre les deux départements. Le secteur agricole est aussi impacté.

La rupture de la tête de vérin permettant le relevage du pont basculant aurait pu entraîner une catastrophe.
La rupture de la tête de vérin permettant le relevage du pont basculant aurait pu entraîner une catastrophe.
© Kévin Brancaleoni

Un événement « rarissime, non prévisible et non détectable » : c’est en ces termes que le Département décrit la panne survenue jeudi 18 mai à 17h40 sur le pont du Brault, dernier ouvrage enjambant la Sèvre niortaise avant son embouchure. La rupture de la tête du vérin de 5 t permettant à ce pont basculant de s’ouvrir pour laisser passer les bateaux, en plein week-end de l’Ascension, aurait pu provoquer un drame. « Heureusement, il n’y a pas eu de blessés », souligne la conseillère départementale du secteur, Valérie Amy-Moie, lors d’un point presse organisé au pied de l’ouvrage par les Départements de Charente-Maritime et de Vendée, mercredi 24 mai.

L’intervention des équipes techniques départementales, dès vendredi 19 mai, a permis de mesurer l’ampleur du problème posé par un pont devenu particulièrement instable, avec un ensemble mobile de 150 t menaçant de retomber dès 30 km/h de vent.

« Heureusement que nous étions sous vent du nord », remarque Frédéric Caron, directeur des infrastructures du département de la Charente-Maritime. « Avec un vent du sud, il tombait. »

Cette parenthèse particulièrement dangereuse est désormais terminée : la travée basculante a été stabilisée mardi 23 mai, ce qui a permis de rouvrir la Sèvre niortaise à la navigation dès le lendemain. Pour le trafic routier, en revanche, il va falloir être patient. La route qui accueille en moyenne 12 500 véhicules/jour (avec des pics à plus de 25 000 les jours de départ en vacances) devrait rester fermée au moins jusqu’au 16 juin ; trois semaines d’ici lesquelles l’entreprise spécialisée en charge des travaux va devoir trouver le moyen de ramener la travée basculante à l’horizontal. La remise en service totale du pont pourrait avoir lieu une semaine plus tard. Mais, là encore, il s’agit d’une prévision optimiste. Le vérin qui a rompu a été extrait et emmené à La Rochelle pour y être examiné et réparé… Si possible. « S’il y a des dommages irréversibles, il faudra le refabriquer… Et on ne connaît pas les délais », glisse Frédéric Caron.

Le remplacement était déjà prévu pour le printemps prochain

Cette rupture, inédite depuis la mise en service du pont en 1977 malgré 180 levées annuelles, intervient un an tout juste avant son remplacement prévu pour au printemps 2024, pour un montant de 3,9 M€ HT financé par les deux départements, « Sur le nouveau, il y aura un double vérin », promet le conseiller départemental en charge des infrastructures, Gérard Pons. « On va se servir de l’expérience d’aujourd’hui pour ces travaux-là », remarque Jean-Marie Bodin, maire de Marans. Sa commune est particulièrement impactée par le report de trafic et connaît d’importants bouchons, qui mettent une fois de plus l’importance du contournement prévu. « Nous avons aussi l’usine Catana et ses 320 emplois… Sans navigation, on risque de les mettre en danger. » La commune de Charron est aussi impactée, précise l’adjoint au maire, Christophe Azama. « Nous avons des commerces qui vivent du passage… Il y a un restaurant routier qui a vu son chiffre d’affaires baisser de 70 % depuis vendredi. »

Les élus de Charente-Maritime et de Vendée se sont retrouvés au pied du pont mercredi 24 mai pour évoquer les travaux qui vont être menés dans le mois à venir.

 

Les conséquences semblent plus importantes encore côté Vendée. « À Champagné-les-Marais, la moitié de la population travaille à La Rochelle », explique la conseillère départementale de Luçon, Anne-Marie Coulon. Et son collègue Arnaud Charpentier d’évoquer la situation qui risque d’impacter sérieusement les agriculteurs du sud-Vendée : « Pour la plaine du Marais poitevin, le port d’exportation est La Pallice. La récolte semble s’annoncer intéressante cette année, ce qui veut dire plus de tonnage… et plus de passage ! » Pour ces poids-lourds et pour les autres, les deux départements vont faire en sorte de rediriger le trafic vers Niort via les axes autoroutiers, le temps que la situation retrouve un semblant de normalité.

De 5 minutes à 1 h 30 de trajet, en tracteur

Le siège de l’exploitation de Pieter Deprez est à Sainte-Radegonde, en Vendée. « En temps normal, j’ai 2 kms pour aller à la parcelle qui est de l’autre côté du pont. Avec le détour, je dois faire près de 35 kms », explique le céréalier quelque peu dépité. Sur 120 ha, 14 ha sont situés du côté de la Charente-Maritime. « J’ai du désherbage à faire en maïs. Il faut que je passe par Marans. Je n’ai pas le choix. Avec mon tracteur pulvé, je dois faire le détour. D’habitude, je mets 5 minutes, là ce sera 1 h 30. » Il pointe, le temps passé sur la route, la consommation de carburant, « le désherbage demande de prendre en compte la météo, le vent, qu’en sera-t-il lorsque je serai à la parcelle ? » s’interroge-t-il. Il a aussi un peu de foin à faire, mais compte tenu des dates annoncées pour un retour à la normal, il va devoir demander à un autre agriculteur  de le faire à sa place. « Je n’ai pas le choix. Je ne peux pas attendre fin juin pour le faire. »

Avec son frère, il a une ETA. « Nous avons 1/3 de notre surface à récolter, de l’autre côté du pont. S’il n’est pas opérationnel fin juin, cela va avoir un gros impact sur notre exploitation. » Faire le détour et traverser avec une moissonneuse batteuse, à 25 kms/h, avec une circulation très dense et des bouchons, « cela ne sera pas une partie de plaisir. C’est quasiment impossible. »

 

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